L’esprit critique repose sur une forme de résistance cognitive : savoir prendre du recul face aux idées toutes faites, aux opinions dominantes ou encore à ses propres émotions immédiates. Les philosophes parlent de ce « petit signal stop » qui permet de suspendre son jugement, d’inhiber ses intuitions premières et de laisser place à un raisonnement plus réfléchi.
C’est une compétence centrale pour bien penser : apprendre à remettre en question ses propres raisonnements, à ne pas céder aux automatismes de pensée. Cela suppose de développer une capacité d’inhibition positive, c’est-à-dire la faculté de mettre un instant son impulsion de côté pour ouvrir un espace à la réflexion.
Cette inhibition concerne aussi les émotions : il s’agit d’apprendre à se décaler de son point de vue égocentré, à cultiver l’empathie, à « se décentrer de soi-même ».
Tout cela s’appuie sur deux forces du cerveau :
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Sa plasticité, qui lui permet de progresser et d’acquérir de nouvelles compétences à tout âge.
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L’attention, notre projecteur interne, sans laquelle il n’y a ni compréhension, ni mémorisation véritables.
Enfin, il faut rappeler que l’erreur est au cœur du processus : c’est en se trompant que l’on apprend, que l’on affine sa pensée et que l’on dépasse ses propres limites.


